Programme d’action
décennal pour faire face aux défis auxquels la oummah islamique
se trouve
confrontee au 21eme
siècle
Troisième session extraordinaire
de la conférence islamique au sommet
Makkah al Moukarramah, royaume d’Arabie Saoudite
5-6 dhoul qaada 1426 h/ 7-8 décembre 2005
Préambule
Le monde musulman est confronté à de graves défis politiques,
socio-économiques, culturels et scientifiques qui ont des
conséquences incalculables au niveau de l’unité, de la sécurité
et du développement des Etats membres. Pour relever tous ces
défis, nos Etats n’ont pas d’autre choix que de joindre leurs
efforts et de prendre les initiatives capitales qu’appelle la
situation. Il est de leur devoir d’entreprendre des actions
concertées dans le cadre de l’Organisation de la Conférence
islamique et en ayant à l’esprit les valeurs et les idéaux
qu’ils ont en partage pour pouvoir apporter ainsi leur concours
au renforcement de la stabilité et de la paix dans le monde,
rendre à la Oummah islamique son aura et son prestige d’antan et
l’habiliter à assumer de nouveau son rôle de naguère, celui
d’une nation éprise de paix et prêchant la concorde, la
modération éclairée et la tolérance. Conscient des lourds défis
auxquels la Oummah islamique se trouve confrontée et du
caractère périlleux de l’étape qu’elle traverse aujourd’hui,
soucieux de sortir la Oummah de sa situation actuelle pour
l’engager sur une nouvelle voie celle qui mène à une solidarité
et un bien être accrus, soucieux également de surmonter les
crises et de concrétiser les ambitions et les objectifs cruciaux
de l’OCI, le Serviteur des Deux Saintes Mosquées le Roi Abdullah
Bin Abdelaziz s’était adressé aux masses de pèlerins rassemblées
à Makkah pour la fête de l’Aid Al Adha en 1425H, en invitant les
dirigeants de la Oummah à se réunir à makkah Al Moukarramah
dans le cadre d’une session extraordinaire de la Conférence
islamique au Sommet en vue de délibérer sur les problématiques
de la solidarité et de l’action islamique commune.
En prélude à cette conférence extraordinaire, le Serviteur des
Deux Saintes Mosquées a pris l’initiative de convier les oulémas
et les penseurs de la Oummah à se réunir à Makkah pour se
pencher sur la situation de la Oummah, ébaucher une série
d’approches et de concepts et suggérer les réponses les plus
appropriées aux défis lancés à la Oummah dans les divers
domaines. C’est ainsi qu’une brillante élite d’oulémas et de
penseurs venus de plusieurs contrées s’est réunie à Makkah Al
Moukarramah du 5 au 7 Chaabane 1426H (9-11 septembre 2005) dans
le but d’examiner les défis à relever par la Oummah islamique
aux plans idéologique, culturel, politique, médiatique,
économique et du développement et de faire des recommandations
pour les affronter efficacement.
Sur la base des approches et des recommandations des oulémas et
des penseurs, conscients de la possibilité pour la Oummah de
reprendre son essor, soucieux d’accomplir des avancées concrètes
dans le raffermissement de la solidarité islamique et d’amener
les Musulmans à parler d’une seule voix, et dans but de mettre
en évidence l’image authentique et les valeurs de tolérance
propres à l’islam ainsi que ses approches civilisationnelles,
nous avons arrêté un programme d’action décennal qui passe en
revue les principaux défis et enjeux idéologiques, culturels,
politiques, économiques et de développement, qu’affronte l’islam
contemporain, ainsi que les voies et moyens permettant de les
affronter de manière réaliste et objective, afin de faire de ce
programme d’action un programme réalisable et applicable par
tous les Etats membres de l’Organisation de la Conférence
islamique.
Au plan idéologique et politique, des questions aussi
importantes que l’enracinement des valeurs de modération et de
tolérance, la lutte contre l’extrémisme, la violence et le
terrorisme, l’islamophobie, le renforcement de la solidarité et
de la coopération entre les Etats membres et la prévention des
conflits entre eux, la cause de la Palestine, les droits des
minorités et communautés musulmanes, le rejet des sanctions
unilatérales, appellent un engagement renouvelé et l’adoption de
stratégies efficaces. Dans ce contexte, une attention
particulière doit être accordée à l'Afrique qui est la région la
plus affectée par la pauvreté, les maladies, l'analphabétisme,
la famine et le poids de la dette.
Au plan économique et scientifique, la Oummah doit s’efforcer de
passer à la vitesse supérieure en termes de développement et de
croissance, ce à quoi la prédisposent ses fabuleuses ressources
et potentialités économiques. A cette fin, la priorité devra
être accordée au renforcement de la coopération économique et
commerciale entre les Etats membres, à l’accroissement du volume
des échanges commerciaux intra OCI, à l’éradication de la
pauvreté dans les Etats membres de l’OCI et plus
particulièrement dans les zones affectées par les conflits, de
même qu’aux problèmes inhérents à la mondialisation, à la
libéralisation de l’économie, à l’environnement, aux sciences et
à la technologie. A cet égard, une attention particulière doit
être accordée à l'Afrique qui est la région du monde la plus
gravement affectée par la pauvreté, les maladies,
l'analphabétisme et le fardeau de la dette.
Concernant l’éducation et la culture, il est également impératif
de prendre à bras-le-corps les problèmes de l’analphabétisme et
de la mauvaise qualité de l’enseignement et de lutter contre les
dérives intellectuelles et idéologiques.
Au plan social, il s’agit d’accorder l’intérêt requis aux droits
des femmes, des enfants et de la famille.
L’OCI est ainsi appelée à jouer un rôle déterminant dans la mise
en œuvre de la nouvelle vision et des nouvelles ambitions du
monde musulman. Dans ce contexte, l’Organisation devra, avec
l’appui des Etats membres, s’engager dans un processus de
réforme, afin de se donner les moyens de répondre aux
aspirations de la Oummah au 21ème siècle.
Pour concrétiser cette nouvelle vision et assurer à la Oummah un
avenir plus radieux, plus florissant et plus digne d’elle,
Nous, Souverains, Chefs d’Etat et Chefs de Gouvernement de
l’Organisation de la Conférence islamique, avons décidé
d’adopter le Programme d’Action Décennal suivant, de veiller à
sa mise en œuvre immédiate et de prendre date pour procéder à
son évaluation à mi-parcours.
1. QUESTIONS IDEOLOGIQUES ET POLITIQUES
I-
LA VOLONTE POLITIQUE
-
Manifester l’indispensable volonté politique de traduire la
nouvelle vision en réalité concrète et demander au Secrétaire
général de prendre les mesures qui s’imposent pour faire des
propositions concrètes aux Etats membres en vue de les
examiner et de les soumettre à la Conférence islamique des
Ministres des Affaires étrangères.
-
Demander aux Etats membres de veiller à la mise en œuvre
scrupuleuse des dispositions de la charte et des résolutions
de l’OCI.
II-
SOLIDARITE ET ACTION ISLAMIQUE COMMUNE
-
Conférer la crédibilité et le sérieux requis à l’action
islamique commune en oeuvrant activement à la mise en œuvre
des résolutions de l’OCI et en se focalisant sur l'adoption de
résolutions applicables pour permettre à la Oummah d'atteindre
ses objectifs. Dans ce contexte, le Secrétaire général doit
être habilité à jouer pleinement son rôle au niveau du suivi
et de la mise en œuvre des résolutions de l’OCI.
2.
Réaffirmer la solidarité des Etats membres de l’OCI face aux
défis et aux menaces auxquels la Oummah se trouve confrontée et
demander au Secrétaire général de définir, en consultation avec
les Etats membres, leurs devoirs et obligations à ce sujet,
notamment en termes de solidarité et de soutien aux Etats
membres confrontés à des menaces.
-
Participer et travailler en coordination à tous les fora
régionaux et internationaux afin de préserver et de promouvoir
les intérêts collectifs de la Oummah islamique, et notamment
le processus de réforme des Nations Unies et d’élargissement
du Conseil de Sécurité, et d’apporter l’appui requis aux
candidats présentés par les Etats membres pour des postes dans
les organisations internationales et régionales.
4.
Continuer à soutenir la cause d’Al-Qods en tant que cause
centrale et primordiale de l’OCI et de la Oummah islamique.
5.
Réaffirmer les résolutions et décisions précédentes de l'OCI sur
le Jammu et Cachemire, Chypre, le Nagorno Karabakh et la Somalie
; et manifester sa solidarité avec les justes causes de ces
peuples musulmans.
III. L’ISLAM, RELIGION DE LA MODERATION
1.
Veiller à diffuser les notions correctes de l’Islam en tant que
religion de la modération, de la mesure et de la tolérance,
ainsi qu'à la préservation des valeurs, croyances et principes
islamiques,
afin
de mieux immuniser les musulmans contre l’extrémisme et le
dogmatisme.
2.
Condamner l’extrémisme sous toutes ses formes et manifestations
car incompatible avec l’Islam et avec les idéaux islamiques et
universels, s’attaquer à ses causes politiques, économiques,
sociales et culturelles au moyen de programmes de développement
et par le règlement des conflits chroniques par des moyens
rationnels, par la persuasion et par la douce exhortation.
3.
Souligner que le dialogue des civilisations, qui est fondé sur
le respect mutuel, l’entente et l’égalité des peuples, est
indispensable à la paix, à la sécurité et à la tolérance dans le
monde et constitue une condition sine qua non à la coexistence
pacifique ; participer à la mise en place du mécanisme de
dialogue adéquat.
4.
Encourager le dialogue des religions et mettre en évidence les
valeurs et les dénominateurs communs.
5.
Faire participer l’OCI et ses organes spécialisés en tant que
partenaire agissant au dialogue des civilisations et des
religions et l’associer aux initiatives et aux efforts déployés
dans ce sens.
6.
Mettre à contribution les divers médias pour promouvoir et
soutenir les causes de la Oummah, diffuser les nobles principes
et valeurs de l’Islam et corriger les conceptions erronées sur
l’Islam.
7.
Veiller à l’enseignement de l’éducation, de la culture et de la
civilisation islamiques ainsi qu’à l’enseignement de la
jurisprudence et du respect de la différence, et inciter les
Etats membres à coopérer afin de développer des cursus scolaires
et des programmes équilibrés destinés à promouvoir les valeurs
de la tolérance, des droits de l’homme, de l’ouverture, de
l’entente entre les religions et les civilisations, le rejet du
fanatisme et de l’extrémisme, et la fierté de l’identité
islamique.
IV. LA MULTIPLICITE DES ECOLES DE JURISPRUDENCE
-
Insister sur la nécessité d’approfondir le dialogue entre les
écoles islamiques de jurisprudence sur l’appartenance
indiscutable de leurs disciples à l’Islam, l’interdiction de
les accuser d’hérésie, d’attenter à leur vie, de porter
atteinte à leur honneur ou de spolier leurs biens, tant qu’ils
croient en Allah, au Prophète (PSL) et aux autres piliers de
l’Islam, qu’ils respectent les préceptes de la foi et ne
contestent pas les principes irréfragables de l’Islam.
-
Dénoncer les « Fatwa » émises indûment par des individus non
qualifiés, ce qui représente une transgression des préceptes
de la religion reconnus par les différentes écoles de
jurisprudence islamique. Il est nécessaire donc de se
conformer à la méthodologie de la Fatwa approuvée par les
Oulémas conformément aux dispositions pertinentes du Congrès
Islamique international qui s’est tenu à Amman en juillet 2005
et aux recommandations du forum des érudits et penseurs
préparatoire à ce sommet convoqué par le Serviteur des Deux
Saintes Mosquées à Makkah Al Moukaramah au cours de la période
du 9 au 11/09/2005.
V-
L’ACADEMIE ISLAMIQUE DU FIQH
1.
Demander au Secrétaire général de confier à un groupe de membres
de l'Académie islamique du Fiqh et d'éminents oulémas externes
le soin d’effectuer une étude circonstanciée à soumettre à
l'appréciation de la CIMAE et visant à parfaire le
fonctionnement de l’AIF conformément aux objectifs suivants :
a-
Assurer la coordination entre les instances chargées de la fatwa
à l’échelle du monde musulman.
b-
Contrer l’extrémisme religieux et le sectarisme, s’interdire de
taxer d’apostasie les différentes écoles islamiques de
jurisprudence, insister sur le dialogue entre ces écoles et
promouvoir la modération, le sens de la mesure et la tolérance.
c-
Récuser les fatwas qui détournent les Musulmans des principes et
des constantes de l’Islam et des différentes écoles.
VI- LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME
-
Réitérer la condamnation du terrorisme sous toutes ses formes
et manifestations, et rejeter toute justification ou alibi au
terrorisme, en soulignant que le terrorisme constitue un
phénomène mondial qui n’est lié à aucune religion, race,
couleur ou pays et distinguer ce dernier de la résistance
légitime à l’occupation étrangère, laquelle proscrit de verser
le sang des civils innocents.
-
Introduire des amendements qualitatifs au niveau des lois et
législations nationales pour incriminer l’ensemble des
pratiques terroristes ainsi que toutes les formes de soutien,
de financement et d’incitation au terrorisme.
-
Réaffirmer l’attachement à la convention de l’OCI sur le
terrorisme, participer activement aux efforts internationaux
de lutte contre le terrorisme, et œuvrer à la mise en œuvre
des recommandations adoptées à la conférence internationale
contre le terrorisme organisée à Riyad en février 2005, y
compris la création d’un centre international de lutte
anti-terroriste ainsi que les recommandations de la conférence
extraordinaire des Ministres des Affaires étrangères sur le
terrorisme organisée à Kuala Lumpur en avril 2002.
-
Soutenir les efforts visant l’adoption d’un Code International
de Conduite pour la Lutte contre le Terrorisme et convoquer
une conférence internationale ou une session spéciale de
l'Assemblée générale des Nations Unies afin de réaffirmer le
consensus international sur la mise au point d'une stratégie
globale de lutte contre ce phénomène et ses dangers.
VII- LA LUTTE CONTRE L’ISLAMOPHOBIE
1.
Insister sur la responsabilité de la communauté internationale,
y compris celle de tous les gouvernements, pour ce qui est de
garantir le respect de toutes les religions et d’en combattre la
diffamation.
2.
Souligner la nécessité de lutter contre l’Islamophobie par la
mise en place d'un observatoire au sein du Secrétariat de l’OCI,
pour suivre en permanence toutes les manifestations d’islamophobie,
publier un rapport annuel sur ce phénomène et coopérer avec les
organisations gouvernementales et non gouvernementales
compétentes pour lutter contre l’islamophobie.
3.
Oeuvrer à l’adoption d’une résolution des Nations Unies pour
lutter contre l’islamophobie et inviter l’ensemble des Etats à
promulguer des lois assorties de sanctions dissuasives pour
combattre l’islamophobie.
4.
Engager avec les parties intéressées un dialogue
institutionnalisé et permanent en vue de promouvoir les vraies
valeurs de l’Islam et de mettre en exergue la participation des
pays islamiques à la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.
VIII- LES DROITS DE L’HOMME ET LA BONNE GOUVERNANCE
1.
Veiller à élargir le champ de participation politique, à
garantir l’égalité, les libertés publiques et la justice
sociale, à promouvoir la transparence, la reddition des comptes
et à lutter contre la corruption dans les Etats membres de l’OCI.
2.
Demander à la Conférence islamique des Ministres des Affaires
étrangères d’envisager la possibilité de mettre en place un
organe permanent et indépendant pour promouvoir les droits de
l’homme dans les Etats membres conformément aux dispositions de
la Déclaration du Caire sur les droits de l’homme en Islam et,
également, d’élaborer une charte de l'OCI pour les Droits de
l'homme ; appeler les Etats membres à modifier leurs
législations et réglementations nationales afin de garantir le
respect des droits de l'homme.
3.
Demander au Secrétariat général de l’OCI de coopérer avec les
autres organisations internationales et régionales en vue de
garantir les droits des communautés musulmanes dans les Etats
non membres de l’OCI et de promouvoir une coopération étroite
avec le gouvernement des Etats accueillant sur leur sol des
communautés musulmanes.
IX- LA PALESTINE ET LES TERRITOIRES ARABES OCCUPES
-
Déployer tous les efforts pour mettre fin à l’occupation des
territoires arabes et palestiniens occupés par Israël depuis
1967, y compris Jérusalem-est, le Golan syrien et le reste des
territoires libanais sous occupation ; Apporter également un
soutien agissant au peuple palestinien pour la reconnaissance
de son droit à l’autodétermination et à l’établissement d’un
Etat indépendant avec comme capitale al-Qods al-Charif.
-
Maintenir une position commune sur le règlement global du
problème palestinien conformément aux résolutions de l’OCI,
celles des Nations Unies (Nos. 242, 338 et 1515 du Conseil de
sécurité et No. 194 de l’Assemblée générale), à l’initiative
arabe de paix et à la Feuille de Route et ce, en accord et en
concertation avec les Nations Unies, le Quartet et les autres
acteurs de manière à ce que le retrait complet soit une
condition préalable à la normalisation des relations avec
Israél et à faire jouer un rôle plus conséquent à l’OCI dans
les efforts d’instauration de la paix.
-
Mettre l'accent sur le caractère central de la cause d'Al-Qods
pour la Oummah islamique ; consacrer les droits palestiniens
sur la ville sainte ; préserver son patrimoine arabo-islamique
en tant que symbole de tolérance et lieu de rencontre des
religions célestes ; réaffirmer l'inviolabilité de la Mosquée
Al Aqsa et de ses dépendances ; protéger les autres lieux
saints islamiques et chrétiens ; s'opposer à la politique de
judaïsation de la ville sainte ; soutenir les efforts du
Comité Al-Qods et le Fonds d'Al-Aqsa ; appuyer la résistance
des habitants d'Al-Qods et leurs institutions ; créer
l'Université Al-Aqsa dans la ville d'Al-Qods Acharif.
-
Fournir à l’Autorité palestinienne tout l’appui requis dans
ses efforts de négociation en vue du recouvrement des droits
du peuple palestinien, et lui apporter l’assistance nécessaire
pour lui permettre d’asseoir son autorité sur l’ensemble des
territoires palestiniens et sur les points de passage
internationaux, de rouvrir l’aéroport et le port de Gaza et de
relier la Bande de Gaza à la Cisjordanie afin de garantir la
liberté de circulation des Palestiniens.
-
Oeuvrer de concert avec la communauté internationale pour
amener Israél à mettre fin à la colonisation et à démanteler
les colonies israéliennes à l’intérieur des territoires
palestiniens et du Golan syrien occupés, ainsi que le mur de
séparation raciste dans les territoires palestiniens, y
compris la ville d’Al-Qods et ses environs, conformément aux
résolutions des Nations Unies et à l’avis de la Cour
internationale de Justice.
X- REGLEMENT DES CONFLITS ET INSTAURATION DE LA PAIX
1.
Renforcer le rôle de l’OCI dans la prévention des conflits,
l'instauration de la confiance, le maintien de la paix, le
règlement des conflits, la reconstruction après le règlement des
conflits dans les Etats membres de l'OCI, y compris pour les cas
où les communautés musulmanes sont parties au conflit.
2.
Promouvoir la coopération entre les Etats membres de l’OCI et
les organisations internationales et régionales, en vue de
préserver les droits et les intérêts communs des Etats membres
dans le règlement des conflits et l’instauration de la paix et
de la confiance.
XI-
REFORME DE L’OCI
1-
Réformer l’OCI en la restructurant, envisager d’en changer le
nom, d’en réviser la charte et les activités et la doter
d’éléments hautement qualifiés de manière à en consolider le
rôle, à en redynamiser les institutions et à en renforcer les
relations avec les ONG officiellement reconnues dans les Etats
membres ; permettre au Secrétaire général de s'acquitter des
devoirs de sa charge et lui donner les ressources et la marge de
manœuvre nécessaires à l’accomplissement de sa mission ;
Renforcer l’ensemble des organes spécialisés et institutions
affiliées de l’OCI pour leur permettre de remplir leur rôle,
renforcer la coordination avec le Secrétariat général et lui
demander de revoir les activités de ces organes et de
recommander éventuellement la dissolution de ceux dont
l'inefficacité est avérée.
2-
Mettre en place un mécanisme de suivi des résolutions en créant
un organe exécutif composé des Troïkas de la Conférence
islamique au Sommet et de la Conférence Islamique des Ministres
des Affaires Etrangères, du pays siège et du Secrétariat général
de l’OCI, en veillant à inviter les Etats membres concernés aux
délibérations desdites réunions.
3-
Charger le Secrétaire général d'élaborer une étude pour
renforcer et promouvoir le rôle du Fonds de Solidarité Islamique
et de la soumettre à la Conférence des Ministres des Affaires
Etrangères.
4-
Exhorter les Etats membres à s’acquitter intégralement et à
temps de leurs contributions statutaires aux budgets du
Secrétariat général et de ses organes subsidiaires conformément
aux résolutions adoptées et ce afin de pouvoir bénéficier des
facilités et services offerts par les institutions spécialisées
et affiliées et les organes subsidiaires de l’OCI.
2. LE DEVELOPPEMENT ET LES PROBLEMATIQUES ECONOMI-
QUES, SOCIALES ET SCIENTIFIQUES
I-
COOPERATION ECONOMIQUE
1.
Inviter les Etats membres à signer et à ratifier l’ensemble des
accords de l’OCI portant sur le commerce et l’économie et à
mettre en œuvre les dispositions pertinentes du plan d’action
de l’OCI pour le renforcement de la coopération économique et
commerciale entre les Etats membres.
2.
Demander au COMCEC de prendre des mesures pour élargir le champ
des échanges commerciaux entre les Etats membres, d’examiner la
possibilité de créer une zone de libre échange dans un souci de
complémentarité économique accrue, de porter le niveau des
échanges à 20% du volume global pendant la durée du plan ;
exhorter les Etats membres à soutenir les activités du COMCEC et
à y participer au plus haut niveau possible.
3.
Promouvoir les démarches visant à instaurer une coopération
institutionnalisée entre l’OCI et les institutions
internationales et régionales s’occupant de questions
économiques et commerciales.
4.
Soutenir les efforts des Etats membres de l’OCI désireux
d’accéder à l’OMC et promouvoir la coordination entre les Etats
islamiques au sein de l’OMC.
5.
Appeler les Etats membres de l’OCI à faciliter la libre
circulation transfrontalière des hommes d’affaires et des
investisseurs.
6.
Soutenir l’effort de promotion du commerce électronique entre
les Etats membres de l’OCI et inviter la CICI à renforcer ses
activités dans le domaine des échanges de données et d’expertise
entre les chambres de commerce et d’industrie des Etats membres.
7.
Inviter les Etats membres à coordonner leurs politiques
environnementales et leurs positions dans les foras mondiaux sur
l’environnement pour en éviter les effets pervers sur leur
développement économique.
II-
APPUI A LA BANQUE ISLAMIQUE DE DEVELOPPEMENT (BID)
1.
Créer au sein de la BID un Fonds Spécial visant à participer à
l’éradication de la pauvreté et à la création d’opportunités
d'emploi ; le Conseil des Gouverneurs de la BID étant chargé de
la mise en œuvre de ce Fonds Spécial y compris ses mécanismes de
financement.
2.
Charger la Banque islamique de Développement d'assurer la
coordination avec le Secrétariat général de l'OCI pour prendre
les contacts nécessaires avec l'Organisation Mondiale de la
Santé et les autres institutions concernées pour l'élaboration
du programme de lutte contre les maladies et les épidémies, à
financer par le Fonds spécial qui sera constitué au sein de la
BID.
3.
Mandater le Conseil des Gouverneurs de la BID pour prendre les
dispositions nécessaires afin d'augmenter le capital autorisé,
souscrit et libéré de la Banque et ce, en vue de lui permettre
d’en dynamiser le rôle en matière de soutien financier et
d'assistance technique au profit des Etats membres de l'OCI, et
de renforcer la Société Islamique pour le Financement du
Commerce, créée récemment au sein de la BID.
4.
Inciter la BID à faire évoluer ses mécanismes et ses programmes
de coopération avec le secteur privé et à envisager d’assouplir
et de dynamiser les procédures de prise de décisions.
5.
Exhorter la BID et ses institutions affiliées à promouvoir les
opportunités d’investissement et de commerce intra OCI et à
entreprendre des études de faisabilité pour fournir les
informations nécessaires au développement et à la promotion des
projets en joint-ventures.
III- LA SOLIDARITE SOCIALE POUR FAIRE FACE AUX SITUATIONS DE
CATASTROPHES
-
La religion islamique prône la solidarité, l’entraide et
l’assistance à tous les démunis sans exception, ce qui
commande aux Etats membres de concevoir et d’adopter une
stratégie claire en matière d’action humanitaire islamique, et
de veiller à la coordination et à la coopération au niveau des
efforts de secours individuels des Etats membres, des
institutions de la société civile islamique et des
organisations et institutions de la société civile
internationale.
-
Assister les pays victimes de catastrophes afin de
reconstituer leurs stocks de vivres.
IV-
APPUI AU DEVELOPPEMENT ET A LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE EN
AFRIQUE
1.
Encourager et soutenir les Etats membres pour renforcer leurs
activités visant à promouvoir le développement socio-économique
des pays africains y compris le soutien de leur processus
d’industrialisation, la dynamisation du commerce et de
l’investissement, le transfert de technologie, l’allégement de
la dette, l’éradication de la pauvreté et des maladies ;
souscrire à la nouvelle initiative du Nouveau Partenariat pour
le Développement de l’Afrique (NEPAD) et adopter à cette fin un
programme spécial pour le développement de l'Afrique.
2.
Appeler les Etats membres à participer aux efforts mondiaux de
soutien aux programmes visant à éradiquer la pauvreté et à
renforcer les capacités des PMMA de l’OCI.
3.
Exhorter les Etats membres donateurs à annuler les dettes
bilatérales et multilatérales des Etats membres à faible revenu.
4.
Inciter les institutions et organisations internationales
spécialisées à fournir plus d’efforts afin d’éradiquer la
pauvreté dans les Etats membres les moins avancés ; à venir en
aide aux communautés musulmanes, aux réfugiés et aux personnes
déplacées dans les Etats membres de l’OCI ainsi qu’aux minorités
musulmanes dans les Etats non membres et les inciter à
participer au Fonds Mondial de Solidarité et de lutte contre la
pauvreté
V-
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, SCIENCE ET TECHNOLOGIE
1.
Améliorer et réformer effectivement les établissements et les
programmes de l’enseignement à tous les niveaux, relier les
études universitaires de troisième cycle aux plans de
développement intégral du monde musulmans, et accorder la
priorité aux sciences et à la technologie, à la facilitation de
l’interaction académique et de l’échange d’expertise entre les
institutions académiques des Etats membres ; et inciter les
Etats membres à œuvrer pour un enseignement de qualité visant à
encourager la créativité, la recherche, l’innovation et le
développement.
2.
Mobiliser les éléments hautement qualifiés au niveau du monde
musulman et arrêter une stratégie complète pour tirer parti de
leur expertise et enrayer le phénomène de la fuite des cerveaux.
3.
Demander au Secrétariat général d'examiner l’opportunité
d’instituer un Prix de l’OCI pour distinguer les travaux
scientifiques des savants musulmans émérites.
4.
Inciter les Etats islamiques à promouvoir les programmes de
recherche et de développement en ayant à l'esprit que ces
activités contribuent pour 2% au Produit intérieur brut des pays
avancés ; les inciter également à veiller à ce que ces mêmes
activités contribuent pour au moins la moitié de ce taux à leur
PIB.
5.
Tirer parti des résultats importants du Sommet Mondial de la
Société de l'Information tenu à Tunis, auquel tous les Etats
islamiques ont pris une part agissante, afin de réduire la
fracture numérique entre les pays avancés et les pays en voie de
développement ; inviter le Secrétariat général de l'Organisation
à suivre ces résultats pour renforcer les capacités des Etats
membres et leur permettre de s'intégrer à la société de
l’information de manière à soutenir le processus de
développement des pays islamiques.
6.
Encourager les institutions nationales de recherche publiques et
privées à investir dans le renforcement des capacités dans les
domaines des technologies avancées telles que les applications
pacifiques de l'énergie nucléaire.
7.
Revoir la performance des établissements universitaires relevant
de l’OCI afin d’en améliorer l’efficacité, lancer un appel à la
participation aux deux waqf dédiés aux universités islamiques du
Niger et d’Ouganda et soutenir l’Université Islamique
Internationale de Malaisie.
8.
Inviter les Etats membres à fournir un soutien accru à
l'Université Islamique de Technologie au Bangladesh pour lui
permettre de contribuer davantage au renforcement des capacités
des Etats membres de l'OCI par le développement des ressources
humaines.
9.
Inciter la BID à renforcer son programme de bourses à
l’intention des éléments brillants et pour les filières High
Tech en vue de promouvoir le développement des capacités
scientifiques, technologiques et de recherche dans les Etats
membres.
VI
– LES DROITS DE LA FEMME, DE LA JEUNESSE, DE LA FAMILLE ET
DE L’ENFANT DANS LE MONDE MUSULMAN
1.
Renforcer les législations nationales visant à promouvoir le
progrès des femmes dans la société musulmane aux plans
économique, social et politique et conformément aux valeurs
islamiques de justice et d’égalité et visant également à
protéger les femmes contre toutes les formes de violence et de
discrimination et ce dans le respect des dispositions de la
Convention sur l’Elimination de toutes les formes de
discrimination contre les femmes, et conformément aux valeurs
islamiques de justice et d'égalité
2.
Accorder une attention particulière à l’éducation et à
l’alphabétisation des femmes.
3.
Accélérer l’élaboration de « la Convention sur les droits de la
femme en Islam » conformément à la résolution 60/27-P et à la
Déclaration du Caire sur les Droits de l’Homme en Islam.
4.
Garantir l’accès de tous les enfants à un enseignement de base
gratuit et de qualité.
5.
Renforcer les législations nationales visant à préserver les
droits des enfants et notamment à garantir leur droit à des
soins de santé de qualité ; prendre des mesures efficaces pour
éradiquer la poliomyélite et protéger les enfants contre toutes
les formes de violence et d’exploitation.
6.
Encourager les Etats membres à signer et à ratifier le covenant
de l’OCI sur les droits de l’enfant en Islam ainsi que la
convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant, et ses
protocoles additionnels facultatifs, et la convention sur
l’élimination de toutes les formes de discrimination contre la
femme et son protocole additionnel relatif aux droits des
filles.
7.
Inviter les Etats membres à soutenir et promouvoir les
programmes et les forums pour la jeunesse.
8.
Inviter l’OCI à contribuer à mettre en exergue l’image de
l’Islam en tant que religion garantissant le respect de tous les
droits des femmes et encourageant leur participation à tous les
domaines de l’existence.
9.
Accorder à la famille toute l’attention qu’elle mérite en tant
que maillon de base de la société musulmane ; déployer tous les
efforts possibles et à tous les niveaux en s’appuyant sur les
valeurs de l’Islam pour faire face aux défis de la société
contemporaine auxquels la famille musulmane est confrontée et
qui affectent sa cohésion.
10.
Créer un département chargé des affaires de la famille dans le
cadre de la restructuration du Secrétariat général de l'OCI
VII
– ECHANGES ENTRE LES ETATS MEMBRES DANS LES DOMAINES DE LA
CULTURE ET DE L'INFORMATION
1.
Inviter les chaînes de télévision et les moyens d'information à
coopérer efficacement avec les medias internationaux afin de
permettre au monde musulman d'exposer son point de vue au sujet
des évènements qui se produisent sur la scène internationale ;
inviter les moyens d'information des Etats membres, y compris
les chaînes satellitaires à s'accorder sur un code moral tenant
compte de la diversité et du pluralisme dans le monde musulman
afin de préserver les valeurs et les intérêts de la Oummah.
Demander au Secrétaire général de soumettre un rapport
d’évaluation de la situation actuelle de l'Agence islamique
internationale d'information (IINA), de l'Organisation des
Radiodiffusions des Etats islamiques (ISBO) et du Département de
l'Information au sein du Secrétariat général ; et étudier les
moyens propres à dynamiser le rôle de l'information et de ses
mécanismes dans le cadre du système de l'OCI et de faire des
propositions à cet effet qui seront soumises pour examen à la
Conférence ministérielle de l'information ; accorder tout
l’intérêt requis à la langue arabe en tant que langue du Saint
Coran, faire évoluer les programmes de traduction entre les
langues nationales des pays de la Oummah islamique et mettre en
œuvre des programmes d’échanges culturels entre les Etats
membres et les pays observateurs.
2.
Renforcer le Comité permanent pour l'Information et les Affaires
culturelles de l'OCI (COMIAC) en vue d'accorder un intérêt
croissant aux questions ayant trait à l'information et à la
culture des pays membres. Dans ce contexte, les Etats membres
contribueront volontairement au Fonds de Solidarité Numérique
afin de permettre à l'OCI de participer pleinement à la campagne
visant à résorber la fracture numérique.
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