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RAPPORT
DU SECRETAIRE GENERAL
UNE NOUVELLE VISION POUR LE MONDE MUSULMAN :
LA SOLIDARITE DANS L’ACTION
A
LA 3ème SESSION EXTRAORDINAIRE
DE LA CONFERENCE ISLAMIQUE AU SOMMET
MAKKAH AL MOUKARAMAH
7
- 8 DECEMBRE 2005
INTRODUCTION
Le monde musulman se trouve aujourd’hui à une phase
historique marquée par des mutations et des défis qui surgissent
sur la scène internationale et dont les immenses répercussions
affectent son avenir. Pour mieux préparer cet avenir, force est
de jeter un regard rétrospectif critique sur notre passé.
La définition d’une vision claire de la future
solidarité islamique passe nécessairement par un examen
approfondi de l’expérience de l’OCI tant en ce qui concerne les
succès et réussites qu’elle a à son actif que les échecs
accumulés depuis sa création.
De sa création en 1969 à nos jours, l’OCI a traversé
trois phases dont chacune s’est étalée sur une décennie : la
phase de balbutiement et d’affirmation, celle de la croissance
pour une meilleure participation à la gestion des affaires du
monde et celle de la crise et de la désorientation.
La première phase, celle de balbutiement et
d’affirmation, a été la phase initiale. En effet, l’OCI a vu le
jour dans un monde bipolaire dans lequel la plupart des ses
membres faisaient partie du Mouvement des Non Alignés. Sa raison
d’être essentielle était de manifester une solidarité politique
éloquemment exprimée face au problème d’Al-Qods et de la
Palestine.
Dans la première décennie allant de 1970 à 1980, la
coopération économique a été le principal objectif des activités
de l’OCI. Le développement institutionnel de l’OCI et la
formulation d’une politique définissant les lignes directrices
ont fait ressortir que l’OCI était en train d’évoluer et de
devenir une structure institutionnalisée.
Cet élan ayant été pris au cours des années 1970, la
décennie du boom pétrolier, a projeté l’OCI dans la seconde
phase décennale 1980-1990. Il s’agissait d’une époque
caractérisée par des efforts destinés à renforcer la solidarité
en vue d’agir sur le cours des événements qui surviennent dans
le monde. Le Sommet de 1981, tenu à Taïf et à la Mecque, a été
le signe précurseur de la prise de conscience, par le monde
musulman, de ses propres potentialités. Des actions concrètes
ont été envisagées et trois comités permanents ont vu le jour
au cours de cette période. Cependant, l’euphorie qui a prévalu
au cours de cette période allait être éclipsée par les conflits
entre certains Etats membres.
La troisième décennie qui a commencé depuis 1990 à
nos jours a été marquée par la crise et la désorientation
causées par les importants bouleversements politiques et
économiques survenus dans le monde. C’est ainsi qu’il a été
constaté la disparition du monde bipolaire et l’apparition de la
rhétorique du « choc des civilisations » qui devait engendrer l’Islamophobie.
De même, beaucoup d’Etats membres de l’OCI ont eu à faire face à
d’énormes défis politiques et économiques et à des tensions
aussi bien régionales que mondiales.
Les défis planétaires requièrent de la part des pays,
pris individuellement, d’envisager des réformes politiques
propres à instaurer l’état de droit et à asseoir les principes
démocratiques. Ils requièrent aussi que les activités
économiques soient axées sur le savoir, la recherche, la
technologie et l’innovation.
Le fonctionnement et les performances de l’OCI se
heurtent à l’heure actuelle à des problèmes de plus en plus
importants engendrés par les mutations accélérées qui
interviennent dans le monde. L’OCI est en mesure de relever ces
défis planétaires. Le rôle qu’elle est appelée à jouer sur la
scène internationale est devenu plus important et plus décisif
en raison du vaste champ d’activités qu’elle doit couvrir.
Dès le départ, les concepts de solidarité et de
coopération ont marqué l’action de l’OCI servant ainsi même la
base de son existence et de sa survie. Cette action a maintenant
besoin d’être consolidée de manière à relever les défis qui se
posent actuellement à la communauté internationale en général et
au monde musulman en particulier. La ferme détermination et la
manifestation d’une solidarité sans faille sont maintenant plus
que jamais nécessaires aussi bien pour les pays musulmans que
pour l’OCI qui les représente.
C’est pour cette raison que nous nous trouvons à
l’orée d’une nouvelle phase : celle d’une nouvelle vision et
d’un futur nouveau.
C’est donc une bonne opportunité que nous a offerte
le Serviteur des Deux Saintes Mosquées Sa Majesté le Roi
Abdullah Bin Abdelaziz qui, s’adressant à des groupes de
pèlerins au début de cette année, a lancé un appel à ses frères
dirigeants du monde islamique pour qu’ils oeuvrent au
resserrement de leurs rangs et mettent fin à la désunion et à la
désintégration « dont le monde musulman a souffert, de manière à
permettre à la Oummah de poursuivre sa mission historique à
travers la tenue d’une réunion des dirigeants pour examiner les
problèmes de l’unité et de l’action commune ». S’adressant aux
dirigeants de la Oummah, le Roi Abdullah a dit : « c’est un
appel à une introspection, pour nous retrouver autour de ce qui
nous unit, harmoniser nos positions et consolider nos liens.
C’est un appel qui vous est lancé par un frère qui partage avec
vous les mêmes préoccupations, peines et espérances et la même
foi en Dieu, le Tout-Puissant ».
Dans cet appel sans précédent, Sa Majesté le Roi
Abdullah a également mis en exergue le besoin de « tenir des
réunions des oulémas et penseurs de la Oummah préparatoires à la
prochaine session extraordinaire de la Conférence islamique au
Sommet, pour examiner la situation générale du monde musulman,
rechercher les voies et moyens les meilleurs pour unir nos
rangs et sortir la Oummah islamique de la situation
d’impuissance et de désunion ».
A cet égard, Sa Majesté le Roi Abdullah a adressé une
invitation au Premier Ministre de Malaisie, en sa qualité de
Président en exercice du Sommet de l’OCI et à moi-même en ma
qualité de Secrétaire général de l’OCI pour soutenir cette
initiative. Le Président du Sommet et moi-même avons
favorablement accueilli cette proposition et nous nous sommes
engagés à lui apporter tout l’appui nécessaire pour la tenue,
avec succès, aussi bien de la session extraordinaire du Sommet
de l’OCI que de la réunion préparatoire des oulémas et penseurs.
La nouvelle vision a été élaborée par le Forum
préparatoire des Oulémas et Penseurs musulmans venant aussi bien
des Etats membres de l’OCI que d’ailleurs, forum qui s’est tenu
du 5 au 7 Chaabane 1426H (9-11 septembre 2005) à Makkah
Al-Moukaramah à l’invitation de Sa Majesté le Roi Abdullah.
Les penseurs, répartis dans trois panels à savoir :
les affaires politiques et les médias, l’économie, la science et
la technologie et la pensée islamique, la culture et l’éducation
ont eu des débats intenses et approfondis. Le Forum a procédé à
l’analyse des défis qui se posent actuellement au monde
musulman, élaboré une vision pour la décennie à venir et
proposé des actions spécifiques dans chacun de ces domaines.
Il n’est guère surprenant de constater des
similitudes dans les conclusions de ce Forum et celles de la
réunion de la Commission des Eminentes Personnalités convoquée à
l’initiative de la Malaisie conformément à la résolution adoptée
par la 10ème session de la Conférence islamique au
Sommet tenue à Putrajaya et dont le rapport sera séparément
présenté à la session extraordinaire de la Conférence islamique
au Sommet à Makkah Al-Moukaramah.
Il est évident que cette convergence signifie qu’il
existe un fort consensus sur les problèmes et les défis qui se
posent actuellement, sur la vision pour l’avenir et sur le
programme d’action permettant de mettre en œuvre cette vision.
Le sens de l’engagement et le niveau de la qualité
intellectuelle qui ont marqué ces deux rencontres ont été
remarquables. Ces travaux doivent être mis à profit dans la
formulation d’un programme proactif à long terme à l’intention
du monde musulman dans la mesure où ils constituent une
contribution intellectuelle pouvant nous guider en tant que
groupe uni de nations.
Les conclusions finales de ces panels, fruits de
réflexions et d’échanges ouverts, sont résumées dans les
paragraphes qui suivent :
PANEL SUR LES QUESTIONS POLITIQUES ET LES MEDIAS
1.
S’agissant des questions politiques et des médiats, les
penseurs se sont penchés sur la situation du monde musulman dans
le monde contemporain et ont discuté de manière exhaustive de la
question de la solidarité islamique et de l’action islamique
commune ainsi que de la réforme et de la restructuration de l’OCI.
Ils ont également échangé des vues sur les questions de la
bonne gouvernance, de la prévention et du règlement des conflits
tout comme du rétablissement de la paix après les conflits. Il
en a été de même des questions de la Palestine, du terrorisme,
du dialogue des civilisations, de l’Islamophobie, des droits
politiques et humains des minorités musulmanes vivant dans les
Etats non membres de l’OCI et des médias.
2.
En examinant, la question de la situation du monde
musulman dans le monde contemporain, les penseurs
ont souligné que la Oummah fait partie intégrante du monde
d’aujourd’hui et qu’il n’existe point de conflit entre les
valeurs islamiques et celles du monde contemporain. Ils ont
indiqué qu’en tant que religion s’adressant à l’ensemble de
l’humanité, le message islamique est un modèle pour chaque
peuple désireux d’instaurer l’égalité, la justice, la paix et la
fraternité. Cependant, tout en reconnaissant que la Oummah
islamique traverse une longue période de crise exacerbée par des
défis externes et des campagnes hostiles, les penseurs,
redéfinissant les priorités de la Oummah, ont recommandé un
certain nombre mesures à mettre en œuvre au cours de la
prochaine décennie.
3.
Ainsi, les penseurs ont proposé que tout en respectant
la souveraineté des Etats membres de l’OCI pris
individuellement, la solidarité entre ces Etats a besoin d’être
renforcée. Ils ont exhorté les pays islamiques à jouer un rôle
plus actif sur la scène internationale, notamment, en cette
phase où le nouvel ordre international est en train de se
dessiner. Ils ont appelé le monde musulman à participer de
manière effective à la réforme des Nations Unies, y compris,
l’élargissement de la composition du Conseil de sécurité avec
une représentation appropriée de la Oummah islamique.
Réaffirmant le droit inaliénable de tous les Etats membres à
développer des capacités nucléaires à des fins pacifiques
conformément à la légalité internationale, les penseurs ont
également souligné l’importance de débarrasser la région du
Moyen-Orient de toutes armes de destruction massive. Tout en
demandant à l’OCI de définir les voies et moyens de promouvoir
le dialogue intra islamique, les penseurs ont souligné la
nécessité de faire face et de résoudre les divers conflits qui
opposent les musulmans.
4.
Abordant la question de la solidarité islamique et
de l’action islamique commune, les penseurs ont
réaffirmé la nécessité impérieuse de la solidarité islamique et
de l’action islamique commune dans tous les domaines, y compris
ceux politiques, économiques et religieux. Ils ont indiqué que
la véritable solidarité passe nécessairement par le renforcement
des institutions et par une conviction profonde d’une communauté
de destin sur la base des valeurs communes définies dans la
Coran et la Sunnah.
5.
Les penseurs, notant que l’extrémisme et le sectarisme
empêchent de réaliser une véritable solidarité, ont appelé à
réaffirmer l’engagement politique à promouvoir une solidarité
islamique proactive à travers une démarche progressive. A ce
propos, ils ont appelé au renforcement et à l’accroissement des
capacités des institutions existantes, y compris, la
redynamisation du Fonds de Solidarité islamique de l’OCI, le
lancement effectif du « Fonds de désastre » pour faire face aux
diverses catastrophes et calamités naturelles, la mise en place
d’un Fonds spécial pour éradiquer la pauvreté dans le monde
musulman et l’élaboration d’un « Programme spécial de Solidarité
avec l’Afrique» destiné à répondre aux besoins spécifiques de ce
continent. Les penseurs ont également mis en relief l’importance
de la solidarité avec les minorités musulmanes vivant dans les
Etats non membres de l’OCI ainsi qu’avec les ONG et les
organisations de la société civile.
6.
Face aux énormes défis posés par la mondialisation,
les penseurs ont souligné la nécessité, pour les musulmans,
d’agir dans l’unité et de parler d’une seule et même voix par le
truchement de l’OCI. En tant qu’organisation de premier plan
pour le monde musulman, l’OCI dispose des moyens nécessaires
pour jouer un rôle capital dans l’instauration d’un avenir plus
brillant et plus prospère pour la Oummah si, bien entendu,
certaines réformes sont introduites. Ainsi, les penseurs ont
recommandé un engagement politique fort au cours de la session
extraordinaire du Sommet pour trouver une nouvelle appellation à
l’Organisation, réviser sa charte, restructurer le Secrétariat
général là où l’on devrait créer de nouveaux département comme
ceux relatifs à la planification stratégique ainsi qu’à la paix
et à la sécurité pour s’occuper de l’alerte précoce et de la
prévention des conflits. Ils ont demandé de donner au Secrétaire
général les pouvoirs nécessaires et des ressources budgétaires
accrues pour mener à bien ces nouvelles initiatives, mettre en
œuvre la nouvelle vision et accomplir cette mission de manière à
donner à l’Organisation une meilleure et plus grande visibilité
dans les principaux fora internationaux. Tout en soulignant le
besoin d’assurer une meilleure coordination et la
complémentarité de l’action des différentes institutions de l’OCI
avec le Secrétariat général, les penseurs ont proposé d’ouvrir
de nouveaux bureaux de l’OCI dans les grands pays musulmans et
dans d’autres capitales du monde.
7.
Abordant la question de la bonne gouvernance,
les intellectuelles ont indiquée que le Coran et la Sunnah y ont
déjà fait référence. Ils ont souligné que les paramètres
islamiques de la bonne gouvernance sont compatibles avec la
démocratie, l’égalité, la liberté, la justice sociale, la
transparence, la responsabilité, la lutte contre la corruption
et le respect des droits de l’homme. A cet égard, ils ont
recommandé le renforcement de la participation politique, la
responsabilisation des populations et la constitution d’une
commission permanente de l’OCI chargée de combattre les
violations des droits de l’homme.
8.
Les penseurs ont souligné l’importance du règlement
pacifique des conflits dans le monde musulman. A ce propos,
ils ont mis en exergue le rôle capital que le Secrétariat
général de l’OCI pourrait jouer en ce sens qu’il n’existe aucune
institution effective pour gérer les conflits dans les pays
musulmans. Tout en exhortant les pays musulmans à asseoir entre
eux une coopération efficace dans le domaine de la prévention et
de la résolution des conflits et dans celui de l’instauration de
la paix après les conflits, ils ont appelé ces pays à se joindre
de manière effective aux efforts des Nations Unies visant à
créer un système collectif de sécurité. Ils ont, en outre,
proposé de rendre opérationnel la Cour islamique de Justice et
de renforcer les groupes de consultation régionaux et
sous-régionaux en vue prévenir les conflits dans le monde
musulman. Les penseurs ont également souligné le besoin, pour le
Secrétaire général, de faire usage de ces bons offices dans le
processus de gestion des conflits, en se servant du point focal
de la Troïka. Ils ont, enfin, recommandé qu’en cas de
désintégration d’un Etat membre de l’OCI aucun pays membre de l’OCI
ne devrait reconnaître les structures qui lui succèdent.
9.
Examinant la question de la Palestine, les penseurs ont
insisté sur l’importance du règlement global du problème
conformément à la légalité internationale, sur la reconnaissance
des droits inaliénables du peuple palestinien à
l’autodétermination et la création d’un Etat palestinien
indépendant avec Al-Qods Al-Charif pour capitale. Pour ce faire,
ils ont exhorté les pays musulmans à demeurer vigilants et unis
et à éviter de prendre des mesures unilatérales pour normaliser
leurs relations avec Israël jusqu’à ce qu’il y ait un règlement
juste et global du conflit. En conséquence, les penseurs ont
recommandé que l’Autorité Nationale Palestinienne soit soutenue
dans ses efforts de négociation pour les droits du peuple
palestinien. Ils ont aussi sollicité l’assistance de tous les
Etats musulmans pour construire les institutions économiques
palestiniennes, créer une université Al-Aqsa, rouvrir l’aéroport
et le port de Gaza et créer des Waqfs islamiques en vue de
préserver les sites culturels et religieux en Palestine. La
réactivation du rôle de l’OCI dans la résolution de la question
palestinienne de même que le renouvellement du mandat du Comité
des cinq de l’OCI afin qu’ils continuent les contacts avec le
Quartet et les autres protagonistes sont autant de suggestions
formulées par les penseurs.
10. Tout en soulignant l’impérieuse nécessité de
combattre le terrorisme et de s’attaquer à ses causes
profondes, les penseurs ont cependant noté le manque de
consensus sur la définition du terme et ont insisté sur sa
différentiation d’avec le droit de s’opposer à l’agression et
l’occupation étrangère ainsi que le droit à l’autodéfense. Ils
ont rejeté toute les tentatives cherchant à établir un lien
entre l’Islam et les Musulmans et le terrorisme et ont constaté
que tout combat menée contre le terrorisme par des moyens
militaires uniquement ne ferait qu’entretenir plus de violence.
De ce fait, ils ont appelé à la mise en œuvre de la Convention
de l’OCI sur le Terrorisme et à la création d’un Centre
international de lutte contre le terrorisme, tout en exhortant
les Etats membres de l’OCI à combattre le terrorisme par des
efforts concertés.
11. Au cours de leurs discussions sur le phénomène alarmant
de l’islamophobie – qu’ils assimilent à une forme
de racisme et de discrimination – les penseurs ont constaté avec
beaucoup de préoccupation que ce phénomène hostile aux musulmans
gagnait du terrain. C’est pour cela qu’ils ont fait de la
nécessité de le combattre et de l’éradiquer une façon de
contribuer significativement au renforcement de la compréhension
entre les différentes cultures. A ce propos, les penseurs ont
préconisé de suivre l’évolution de ce phénomène au niveau
mondial, d’en faire un rapport annuel et d’organiser un congrès
mondial pour susciter un niveau de conscience élevé afin
d’inverser la tendance. Ils ont en outre invité les pays
occidentaux à légiférer contre l’Islamophobie et à recourir à
l’enseignement et aux médias pour le combattre. Tout en se
félicitant de l’idée émise par le Secrétariat général de créer
un « Observatoire de l’OCI » pour suivre l’évolution de l’Islamophobie,
ils ont invité au renforcement de la coordination entre les
institutions de l’OCI et les groupes de la société civile en
Occident pour contrer le phénomène.
12.
Tout en débattant du problème des droits politiques et
humains des minorités musulmanes dans les pays non membres de l’OCI,
les penseurs ont évoqué les défis auxquels elles étaient
confrontées dans leur pays de résidence et ont insisté sur le
fait qu’à l’instar des autres communautés, ces minorités
musulmanes ont le droit de jouir des droits élémentaires de
l’homme qui doivent être préservées. Pour veiller à la
protection de l’ensemble de leurs droits ainsi que de leur
identité, les penseurs ont insisté sur l’importance d’instaurer
une coopération entre l’OCI et les autres organisations
internationales comme les Nations Unies, l’Union Européenne, le
Conseil de l’Europe, l’OSCE, l’Union Africaine, etc. pour
qu’elles s’attaquent à la question des droits et problèmes des
minorités musulmanes de façon globale. Tout en accordant une
attention particulière au respect de la souveraineté des Etats
lorsqu’il s’agit de traiter des droits de leurs minorités
musulmanes, les penseurs ont recommandé l’élaboration d’un
rapport annuel consacré aux droits des minorités musulmanes. Ils
ont aussi demandé la redynamisation du Département des Minorités
et Communautés musulmanes du Secrétariat général et l’octroi du
statut d’observateur auprès de l’OCI à des ONG représentant des
minorités musulmanes. En outre, de telles ONG doivent être
encouragées à chercher à obtenir un statut consultatif auprès
des organisations internationales régionales et sous régionales
conformément aux législations qui les régissent.
13.
Les penseurs considèrent les médias comme un
instrument puissant dans le monde contemporain et qui, à ce
titre, peuvent projeter une image positive de l’Islam et
promouvoir les intérêts de la Oummah. A cet égard, ils ont
attiré l’attention sur la domination exercée par le monde
occidental dans le domaine de l’information et de l’usage dévoyé
des médias pour représenter négativement l’Islam et les
musulmans. Ils ont aussi constaté le manque de connaissances et
d’expertise qui caractérise les médias du monde musulman. Pour
relever ces défis, les penseurs ont invité les Etats membres de
l’OCI à garantir la liberté de presse, à convenir d’un Code de
déontologie pour les médias, à veiller à la mise en place de
stations de télévision pour diffuser des programmes consacrés
aux diverses questions religieuses, politiques et sociales et
pour produire des documentaires et des films corrigeant les
représentations erronées de l’Islam et des musulmans. Les
penseurs ont aussi exhorté les médias islamiques à s’adresser
aux non musulmans de manière professionnelle et à développer la
coopération avec les médias du monde occidental qui sont
sensibles aux problèmes des musulmans.
PANEL SUR LES QUESTIONS ECONOMIQUES, SCIENTIFIQUES ET
TECHNOLOGIQUES
14.
Après avoir fait l’état des lieux des économies des Etats
membres de l’OCI, les penseurs ont identifié les défis qu’il est
nécessaire de relever dans un proche avenir. Dans le domaine
économique, ces défis tournent autour de la mondialisation, du
contrôle étatique des économies, de l’inexistence d’un secteur
privé fort dans plusieurs pays, des difficultés rencontrées dans
les efforts pour promouvoir et de mener des politiques de
développement durables, les niveaux d’investissements bas,
l’insuffisance du financement du commerce, le lourd fardeau de
la dette extérieure et du service de la dette sur leurs
économies, les difficultés contraignantes des balances de
paiements de certains Etats membres, les problèmes d’accès au
marché dus à l’érection de barrières tarifaires et non
tarifaires entre les Etats membres, le manque de moyens de
transport significatifs de même que l’insuffisance des
infrastructures, la nécessité du renforcement des capacités, les
restrictions sur les déplacements des hommes d’affaires,
l’incapacité d’éradiquer la pauvreté et les maladies, le manque
des biens de première nécessité qui est en contradiction avec
les Objectifs de Développement du Millénaire (ODM) ainsi que le
développement inadéquat des ressources humaines. Dans le domaine
de la science et de la technologie, les défis majeurs portent
sur l’inexistence de stratégies nationales de développement de
la science et de la technologie, l’insuffisance des fonds
alloués à la recherche et au développement, la faiblesse de
l’interaction entre le monde universitaire et industriel,
l’insuffisance des ressources humaines et le caractère dérisoire
des infrastructure de recherche.
15.
Les penseurs ont cependant insisté sur le fait que les 57 Etats
membres qui constituent l’OCI sont dotés d’immenses
potentialités économiques dans les différents secteurs tels que
l’énergie, les mines, l’agriculture, les ressources humaines et
le commerce. Ils sont d’avis que ces ressources naturelles et
humaines doivent être utilisées de manière optimale en vue
d’assurer le développement durable des Etats membres pris
individuellement ou collectivement tout en renforçant la
capacité du groupe à défendre ses intérêts au sein de l’économie
mondiale et des instances internationales. Vu sous cet angle,
cette conférence doit être considérée comme une initiative
opportune qui, à terme, permettra de prendre la décision
historique tant attendue qui consiste à prendre à bras le corps
ces défis afin de préparer la Oummah islamique à jouer un rôle
plus important au cours de ce siècle. Il est bon de rappeler que
depuis ses débuts, l’OCI a déjà mis en branle le processus de la
coopération économique et commerciale par le biais de la
Déclaration de la Mecque adoptée lors de la 3ème
Conférence islamique au Sommet tenue à Makkah Al-Moukaramah en
janvier 1981 et le Plan d’Action destiné au renforcement de la
coopération économique et commerciale entre les Etats membres de
l’OCI, adopté au cours de la même conférence.
16.
Ayant noté les effets de la mondialisation sur les économies des
Etats membres, la 10ème Conférence islamique au
Sommet a recommandé que le processus d’intégration de leurs
économies soit accéléré pour éviter une plus grande
marginalisation et que soit accéléré le processus de leur
développement durable. Dans ce contexte, le Sommet a souligné la
nécessité d’assurer la mise en œuvre effective du Plan d’Action
de l’OCI pour le Renforcement de la Coopération économique et
commerciale entre les Etats membres. Le Plan d’Action de 1981 a
été révisé et adopté par la 10ème session du COMCEC
tenue à Istanbul du 22 au 25 octobre 1994 et entériné par la 7ème
session de la Conférence islamique au Sommet tenue à Casablanca
du 13 au 15 décembre 1994.
Les
objectifs du Plan sont les suivants :
(a)
Parvenir à assurer la sécurité alimentaire et rehausser le
niveau de vie des populations musulmanes en mettant un accent
particulier sur l’éradication de la pauvreté, de la faim et de
la malnutrition dans le monde islamique.
(b)
Effectuer un bond quantitatif et qualitatif dans la production
des biens et services des différents secteurs économiques des
Etats membres et promouvoir les échanges commerciaux intra
communautaires.
(c)
Augmenter les flux financiers en facilitant les mouvements de
capitaux et les investissements entre les Etats membres.
(d)
Réduire le fossé en matière de développement au sein de la
communauté de l’OCI pour faciliter une coopération économique et
commerciale plus efficiente entre les Etats membres.
(e)
Améliorer la qualité du capital humain et réduire le fossé
technologie entre la communauté de l’OCI et le monde développé
en rehaussant le niveau des activités de recherche et de
développement.
(f)
Promouvoir et développer la coopération économique entre les
Etats membres de manière à réaliser une intégration graduelle
des économies des Etats membres de l’OCI dans la perspective de
mettre en place un marché commun islamique ou toute autre forme
d’intégration économique en procédant étape par étape sur une
base régionale. Cette approche permettrait non seulement de
surmonter les effets négatifs sur les pays de l’OCI du rythme
accéléré observé dans la formation des ensembles économiques
mondiaux mais elle donnerait plus de substance aux aspirations
de la communauté de l’OCI à jouer un plus grand rôle dans
l’activité économique mondiale et, partant, à une division du
travail plus équitable par rapport au reste du monde.
La
mise en œuvre du Plan d’Action pour la Coopération économique et
commerciale est assurée par le Comité permanent pour la
Coopération économique et commerciale (COMCEC) qui est placé
sous la présidence du Président de la République de Turquie. Le
COMCEC a organisé jusqu’à maintenant 20 conférences
ministérielles et de nombreuses autres conférences sectorielles
ainsi que des séminaires, ateliers et réunions d’experts en vue
d’accélérer la mise en œuvre du Plan d’Action. Toutes ces
réunions ont abouti à la conclusion que la volonté politique des
dirigeants des Etats membres de l’OCI constitue la condition
première pour toute avancée significative dans la mise en œuvre
du Plan d’Action.
Un
autre Plan d’Action dans le domaine de la Science et de la
Technologie a été adopté par la 4ème session de la
Conférence islamique au Sommet tenue à Casablanca en 1984 dont
la mise en œuvre est assurée par le Comité permanent pour la
Coopération scientifique et technologique (COMSTECH) présidé par
le Président de la République islamique du Pakistan.
Les
penseurs appellent avec insistance les dirigeants de la Oummah à
prendre les mesures qui s’imposent pour faire en sorte que la
mise en œuvre de ces deux Plans d’Action puisse favoriser le
développement des Etats membres de l’OCI, pris individuellement
et collectivement, ce qui permettrait de faire face de manière
résolue aux défis actuels.
17.
Tout en reconnaissant que la mondialisation comporte aussi bien
des avantages que des défis, les penseurs ont insisté sur le
fait que le monde musulman est en mesure de tirer profit des
avantages économiques de la mondialisation à travers une
coopération économique régionale effective.
18.
Après avoir longuement débattu de la meilleure manière de tirer
profit de la mondialisation, les penseurs ont proposé plusieurs
mesures concrètes. Celles-ci portent sur l’encouragement de
regroupements économiques régionaux au sein des Etats membres de
l’OCI; la standardisation de produits et de procédés de
fabrication et l’adoption de standards internationaux; le
relèvement de la qualité des biens et services pour accroître
leur compétitivité; l’utilisation des nouvelles technologies de
pointe en matière d’information et de communication; la
suppression des barrières tarifaires et non tarifaires entre les
nations musulmanes pour faciliter l’intégration du processus
économique avant l’absorption des économies nationales par les
économies dominantes et la promotion d’un système de
gouvernement efficient et des médias en tant qu’éléments
essentiels de mise à niveau des capacités internes pour qu’elles
puissent bénéficier de la mondialisation.
19.
En outre, il est à noter que les recommandations qui ont été
adoptées pour soumission à la session extraordinaire de la
Conférence islamique au Sommet, par le Forum préparatoire des
Oulémas et Penseurs musulmans au cours de leur réunion organisée
à Makkah Al-Moukaramah du 9 au 11 septembre 2005, contribueront
sans nul doute au renforcement de la coopération économique et
commerciale entre les Etats membres.
20.
En ce qui concerne la coopération économique et commerciale
entre les Etats membres de l’OCI, les penseurs ont constaté que
le commerce intra OCI ne représente que 14% de leur commerce
global. Ils ont recommandé que le processus d’intégration
économique entre les Etats membres de l’OCI soit accéléré à
travers la création d’une Zone de Libre Echange. Les penseurs
ont vivement recommandé que tous les Etats membres de l’OCI
puissent accéder à l’Accord Cadre sur le système des préférences
commerciales entre les pays membres de l’OCI (RPSOIC) pour leur
permettre de participer aux négociations commerciales portant
sur cet accord qui constituera la première étape devant mener à
la création d’une Zone de Libre Echange avant la concrétisation
de l’objectif à long terme que constitue la mise sur pied d’un
marché commun islamique.
21.
Les penseurs ont souligné la nécessité de préparer et de mettre
en œuvre des programmes axés sur des objectifs concrets dans le
domaine de la coopération économique et commerciale entre les
Etats membres de l’OCI. A ce propos, ils se sont félicités de la
proposition visant à porter le commerce intra OCI à 20% à
l’horizon 2015.
22.
Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire d’adopter
certaines mesures portant, entre autres, sur l’augmentation de
l’investissement intra OCI, la suppression des barrières
commerciales, la facilitation de l’obtention du visa aux hommes
d’affaires originaires des Etats membres de l’OCI,
l’amélioration du transport et des communications entre les
Etats membres de l’OCI, le renforcement des capacités internes
et le développement d’un secteur privé fort dans les pays de l’OCI.
23.
A ce propos, les penseurs ont exprimé leur soutien à toutes les
initiatives tendant à revitaliser et à stimuler le rôle de la
Chambre islamique de Commerce et d’Industrie. Ils ont aussi
souligné la nécessité de soutenir le Groupe de la Banque
islamique de Développement, notamment, la Société islamique pour
le Financement du Commerce (SIFC) nouvellement créée.
24.
En vue d’accélérer le processus de stimulation du commerce entre
les Etats membres de l’OCI, les mesures suivantes ont été aussi
recommandées dont en particulier : la promotion/facilitation du
commerce, l’encouragement des Etats membres à promouvoir la mise
sur pied de leurs propres systèmes de crédit et de garantie à
l’exportation et le développement des capacités de la Société
islamique d’Assurance des Investissements et des Crédits à
l’Exportation (SIACE). Il y a aussi la nécessité d’améliorer la
coordination aussi bien entre les Comités permanents qu’entre
les organes subsidiaires de l’OCI, les institutions spécialisées
et affiliées, l’accroissement des investissements intra OCI, la
création de l’Autorité de l’OCI pour la Zakat pour atténuer les
souffrances des Musulmans nécessiteux, la mise en place d’une
Association des commerçants et hommes d’affaires musulmans et
l’instauration d’un visa pour les hommes d’affaires musulmans. A
cet égard, une facilité spéciale dénommée « Le Visa d’entrée
Makkah Al Moukaramah dans les pays membres de l’OCI »
pourrait être envisagée. Les penseurs ont aussi souligné la
nécessité de favoriser la promotion des initiatives nationales
et régionales en ce qui concerne les investissements dans les
Pays les Moins Avancés de l’OCI et la poursuite des efforts de
lutte contre la corruption par le biais de la bonne gouvernance
qui constitue un moyen efficace contre les pratiques qui
découragent les investissements.
25.
En ce qui concerne le développement durable et le financement,
les penseurs ont mis en exergue le fait que plusieurs pays de l’OCI
supportent le fardeau de la dette et sont à la traîne par
rapport aux Objectifs de Développement du Millénaire (ODM). En
plus, les économies de certains pays de l’OCI demeurent en
grande partie sous contrôle étatique et il en est résulté qu’en
dépit des efforts renouvelés, la réalisation de la
libéralisation du commerce et des marchés relève de l’illusion.
26.
Il a également été noté que pour atteindre de libéralisation et
la modernisation des économies, les Etats membres de l’OCI, en
particulier ceux les moins développés parmi eux, ont besoin de
ressources financières, de préférence celles octroyées sous
forme de prêts à des conditions souples et de fonds accordés à
des taux concessionnels.
27.
Pour relever ces défis, les penseurs ont recommandé que le
Conseil des Gouverneurs de la Banque Islamique de Développement
soit chargé de prendre les mesures nécessaires pour une
augmentation substantielle du capital autorisé, souscrit et
libéré et d’établir un Fonds concessionnel doté de ressources
adéquates pour réduire la pauvreté à l’intérieur du groupe de la
BID qui soient à la mesure des énormes besoins économiques des
Etats membres les moins avancés de la BID. Des informations
détaillées concernant la proposition d’augmentation du capital
autorisé, souscrit et libéré de la Banque et la mise en place
d’un Fonds du Groupe de la Banque pour accorder un financement à
des taux concessionnel aux Etats membres les moins avancés de l’OCI,
seront soumises au Sommet pour examen. La création d’une zone de
libre échange dans les Etats membres de l’OCI contribuerait
également beaucoup à la promotion du commerce intra OCI. Les
penseurs ont approuvé la proposition de créer un Fonds de
secours de l’OCI pour venir en aide aux Etats membres affectés
par des calamités naturelles ou la famine, matérialisant ainsi
la solidarité islamique. Ils ont, en outre, recommandé que les
dettes des Etats membres les moins avancés de l’OCI, accordées
de gouvernement à gouvernement, soient réduites et/ou effacées,
que l’accent soit mis sur le changement autant que possible de
la culture de la dette dans les Etats membres de l’OCI et que la
pauvreté dans les Etats démunis de l’OCI soit éliminée à travers
la collecte de la zakat. Les penseurs ont également souligné le
besoin, pour les Etats membres de l’OCI, d’adopter une position
unifiée dans leurs négociations économiques et commerciales
internationales, en particulier, dans celles menées dans le
cadre de l’OMC. A cet égard, ils ont salué l’initiative du
Secrétariat général de l’OCI, de la Banque Islamique de
Développement et du Centre International de Développement du
Commerce qui ont organisé, en Avril 2005 à Ouagadougou, Burkina
Faso, un Forum sur le commerce et l’investissement dans le
secteur du coton en Afrique et ont appelé à la mise en œuvre
effective des recommandations dudit Forum.
28.
Les penseurs ont salué l’initiative de la Malaisie visant au
renforcement des capacités pour éliminer la pauvreté dans les
Etats membres les moins avancés et à faibles revenus et ce, en
sa qualité de Président de la 10ème Conférence
islamique au Sommet.
29.
Les penseurs ont mis en exergue le rôle du tourisme en tant que
secteur important pour la création de revenus et le dialogue des
civilisations et pour la préservation du patrimoine culturel
islamique. C’est ainsi qu’ils ont recommandé de renforcer la
coopération dans le domaine du tourisme à travers la promotion
de l’investissement et en facilitant les voyages entre les Etats
membres de l’OCI.
30.
Les penseurs ont souligné le besoin de prévenir et d’éradiquer
les maladies et de prendre conscience des problèmes de
l’environnement qui sont des composantes essentielles du
développement durable.
31.
En abordant la question de la science et de la technologie, les
penseurs ont indiqué que ce secteur est non seulement un élément
vital du savoir humain, mais il favorise aussi la compétitivité
économique. Ils ont mis en relief l’inexistence de stratégies
nationales de développement de la science et de la technologie,
le faible niveau des fonds alloués à la recherche et au
développement, la faible interaction entre l’université et
l’industrie, les problèmes de ressources humaines et
l’insuffisance des infrastructures de recherche.
32.
Les penseurs ont recommandé que les Etats membres de l’OCI
définissent des objectifs et des indicateurs à atteindre à moyen
et à long termes. C’est ainsi qu’ils ont proposé les objectifs
suivants à atteindre à l’horizon 2015 : a) nombre des experts et
scientifiques : 800 par million d’habitants, b) le pourcentage
des étudiants âgés de 18 à 24 ans et ayant l’opportunité d’aller
à l’université : 30 %, c) nombre d’étudiants par professeur :
16, d) pourcentage du PIB consacré à la recherche et au
développement : 1,2 %. Les penseurs ont convenu que les
objectifs et les indicateurs fixés pour les pays les moins
avancés soient le tiers de ceux ci-dessus indiqués. Il a
également été indiqué qu’il est d’une importance capitale de
créer un environnement favorable pour la recherche et le
développement.
33.
Par ailleurs, les penseurs ont proposé l’élaboration de
stratégies nationales pour le développement de la science et de
la technologie dans les Etats membres de l’OCI, la création de
centres d’excellence, le renforcement de la formation
professionnelle, l’utilisation des technologies modernes pour
promouvoir l’éducation telles que l’enseignement à distance et
l’interaction entre les scientifiques et l’industrie, la
création d’un Fonds de l’OCI pour la recherche et le
développement destiné à appuyer les projets des Etats membres
sur la base du partage des coûts. Ils ont également indiqué
qu’il était grand temps, pour les pays producteurs de pétrole,
de consacrer une parie de leurs revenus tirés de la hausse des
prix du pétrole à leurs activités nationales de recherche et
développement dans le but de soutenir leur développement durable
à long terme par la création de nouvelles sources de richesse et
par l’expertise.
34.
Les penseurs ont aussi recommandé la promotion de sociétés
commerciales dans les Etats membres de l’OCI pour aider les
inventeurs à développer et à breveter leurs inventions. La
banque Islamique de Développement peut financer des programmes
de formation dans divers domaines à l’intention des
scientifiques dans les Etats membres de l’OCI. Ils ont noté le
besoin de créer des réseaux nationaux et régionaux des
institutions de recherche des Etats membres afin d’éviter le
double emploi et d’accroître les inventions ainsi que le désire
de ces Etats d’explorer et de contrôler leurs ressources
nationales. Ils ont, enfin, recommandé la révision des objectifs
fixés dans la vision 2020 adoptée par la 10ème
session de la Conférence islamique au Sommet tenue en Malaisie
afin de dégager un nouvel ensemble d’objectifs à atteindre à
l’horizon 2015 ainsi que la renforcement du COMSTECH en lui
allouant de plus importantes ressources.
PANEL SUR LA PENSEE ISLAMIQUE, LA CULTURE ET L’EDUCATION
35.
En examinant les questions se rapportant aux domaines de la
pensée islamique, de la culture et de l’éducation, les penseurs
ont noté que le monde musulman se trouvait dans une phase
critique qui requiert un engagement nouveau à faire face aux
problèmes de l’extrémisme, de l’analphabétisme, de la qualité de
l’éducation, de l’éradication des maladies, du
sous-développement, du chômage, de la responsabilisation des
jeunes et des femmes ainsi que des défis culturels que la
mondialisation pose pour le patrimoine de la Oummah.
36.
Tout en adoptant une approche commune au cours de leurs
discussions, les penseurs ont formulé d’importantes
recommandations qui, si elles sont mises en œuvre dans les dix
prochaines années, contribueront positivement à l’amélioration
de la situation inacceptable dans laquelle se trouve
actuellement la Oummah, de manière à édifier des sociétés
avancées qui nous permettront de suivre le train de la
modernité.
37.
Abordant le concept de la modération en Islam, les
penseurs ont convenu que celui-ci repose sur un solide fondement
de la foi islamique et qu’il constitue la principale
caractéristique de la Oummah : « Et aussi Nous avons fait de
vous une communauté de justes pour que vous soyez témoins aux
gens, comme le Messager sera témoin à vous ». (Sourate
Al-Baqarah, Verset 143).
38.
Les penseurs ont affirmé que l’Islam prescrit la modération
dans les aspects de la vie afin d’établir l’harmonie dans la
société. Ils ont appelé à accroître les efforts à tous les
niveaux pour projeter la véritable image de l’image en tant que
religion de modération, de tolérance et de la coexistence
pacifique. Dans ce contexte, ils ont indiqué que l’Islam
condamne l’extrémisme dans toutes ses manifestations dans la
mesure où il s’oppose à toutes les valeurs humaines. Ils ont
souligné la nécessité de s’attaquer aux causes de l’extrémisme
que les seules mesures sécuritaires ne peuvent pas éliminer. Par
ailleurs, les penseurs ont indiqué que le terrorisme ne devrait
pas être collé à une religion, culture ou civilisation
particulière. Ils ont fait ressortir le besoin d’adopter un
discours islamique modéré en fonction du temps, de l’espace et
des circonstances et d’expliquer ce discours dans le langage
contemporain. Le discours doit faire une distinction claire
entre les principes de base et les ramifications, entre
l’original et le dérivé. Il doit également être modéré,
crédible, effectif et influent afin de refléter la véritable
image de l’Islam. Les penseurs ont, en outre, souligné la
nécessité de développer un programme éducatif islamique qui
tienne compte de cette perception et de lancer, à cet égard,
les processus de révision nécessaires.
39.
Les penseurs ont également examiné de manière exhaustive
l’importante question de la multiplicité des écoles de
pensée, en indiquant que les différences qui existent
entre ces écoles reflètent la richesse des sources de la pensée
islamique. Ils ont, à cet égard, exprimé leur appui total à la
déclaration adoptée à cet sujet par la Conférence islamique
internationale tenue en juillet 2005 à Amman et qui avait réuni
plus de 170 penseurs musulmans.
40.
Discutant du rôle de l’Académie Islamique du Fiqh
dans l’évaluation du patrimoine islamique, les penseurs ont
précisé que l’émission de la Fatwa doit se faire avec
objectivité et intégrité. Elle doit être laissée aux penseurs
qui maîtrisent le savoir islamique et dont la sagesse est
avérée. Ils ont mis en garde contre l’émission de Fatwas
imprudentes par des gens non qualifiés qui parlent au nom de
l’Islam et des musulmans et qui interprètent les enseignements
islamiques selon leurs propres opinions et préférences en
ternissant, ainsi, l’image de l’Islam aussi bien à l’intérieur
qu’à l’extérieur du monde musulman. Ils ont également souligné
le besoin d’une meilleure coordination, à travers l’Académie
Islamique du Fiqh, entre les autorités religieuses qui édictent
des règles de droit dans le monde musulman.
41.
S’agissant de la question d’une nouvelle vision pour l’Académie
Islamique du Fiqh, les penseurs ont souligné la nécessité de
disposer d’une référence internationale islamique fondée sur une
jurisprudence collective et organisée pour donner des éclairages
sur les points de vue de la religion concernant les questions et
situations nouvelles. Ils ont, à ce propos, appelé à la réforme
de l’Académie Islamique du Fiqh afin qu’elle puisse servir
d’autorité juridique suprême pour la Oummah islamique. Pour ce
faire, ils ont demandé que la compétence et les qualifications
académiques soient les critères d’admission comme membre de
l’Académie Islamique du Fiqh. Ils ont également demandé que le
Secrétaire général, le Président et les membres de l’Académie
soient élus et que les statuts et les règlements de l’Académie
soient appliqués de manière stricte et effective. Ils ont en
outre recommandé que les femmes fassent partie des membres de
l’Académie en fonction de leurs qualifications juridiques et
académiques et de leur compétence. Ils ont aussi affirmé le
besoin de rédiger et de publier les résolutions et les avis de
l’Académie Islamique du Fiqh dans un langage moderne et
simplifié afin d’élargir le champ de la communication entre
l’Académie et le public dans le monde musulman. Pour permettre à
l’Académie de s’acquitter de sa mission et lui donner une plus
grande autonomie au sein de l’OCI, les penseurs ont demandé la
création d’un Waqf doté de ressources suffisantes pour
l’Académie.
42.
Pour ce qui est de la question de l’analphabétisme, les
penseurs ont indiqué que celui-ci est le principal et véritable
obstacle qui entrave le développement des sociétés islamiques.
Ils ont affirmé que l’élimination de l’analphabétisme doit être
un objectif stratégique pour le monde musulman et ont souligné
le besoin de l’éradiquer complètement dans les Etats membres de
l’OCI au cours des dix années à venir. Ils ont également suggéré
la création d’un Fonds Iqra pour supporter et accroître la
qualité de l’éducation.
43.
Examinant la question de l’enseignement supérieur
en tant moyen pouvant contribuer au progrès de la Oummah, les
penseurs ont indiqué que cet enseignement est le principal socle
sur lequel repose le progrès de la Oummah ainsi que son
développement et que si l’on ne prête pas à cette question toute
l’attention nécessaire, la Oummah restera toujours en retard
dans le domaine de l’éducation et de la science. Ils ont, en
outre, mis en relief le besoin d’élever le niveau des
institutions de l’enseignement supérieur et de réformer leurs
programmes. Ils ont souligné la nécessité d’appuyer les centres
de recherches académiques dans le but de promouvoir le
développement des sociétés musulmanes.
44.
Les penseurs ont également examiné la question des
échanges culturels en tant que moyen pour la promotion de la
compréhension, de l’harmonie et de la solidarité entre les
peuples du monde musulman. A cet égard, ils ont
souligné l’importance d’encourager les échanges culturels comme
moyen de réaliser la compréhension mutuelle. Ils ont préconisé
de faire connaître, sur une large échelle à travers le monde,
les particularités de la diversité culturelle. Ils ont lancé un
appel à l’organisation de la Conférence Islamique pour qu’elle
concentre ses efforts sur le renforcement de la coopération
culturelle antre les Etats membres. Ils ont également appelé à
ce que toute l’attention nécessaire soit accordée à la question
de la traduction entre les différentes langues nationales du
monde musulman afin de réaliser les échanges culturels
souhaités.
45.
S’agissant du dialogue des civilisations, les
penseurs ont indiqué que ce dialogue était une nécessité en ce
sens qu’il constitue un important pas pour la réalisation de la
paix mondiale, de la sécurité et de la coexistence pacifique et
ce, en raison de l’absence d’une compréhension mutuelle entre
les cultures et les civilisations. Soulignant que, pour réussir,
le dialogue ne saurait se concevoir qu’entre des partenaire
égaux et sur la base du respect mutuel, de la réciprocité et de
la dignité, les penseurs ont recommandé que l’OCI joue un rôle
central dans la conduite du dialogue des civilisations. Ils ont
également suggéré que le dialogue soit global de manière à
éliminer tous les types de perceptions négatives en commençant
par la révision, par toutes les parties, des livres traitant de
cette question. Ils ont, en outre, proposé la constitution d’un
groupe de base composé des Etats membres pour initier ce
dialogue.
46.
Pour ce qui est de la question des droits de la femme
dans le monde musulman, et de l’élaboration d’une
stratégie d’insertion de la femme dans la société, les penseurs
ont souligné que l’Islam a clairement consacré le rôle
proéminent et les droits de la femme dans la société. Aussi,
ont-ils appelé à l’amélioration du statut et de la position de
la femme dans la société dans les Etats membres de l’OCI. Ils
ont également appelé à consolider les relations directes et
durables entre les associations de femmes musulmanes dans les
Etats membres ainsi que la coopération avec les organisations
internationales de femmes existant dans les pays musulmans.
47.
Sur la question des droits de l’enfant dans le monde
musulman et de l’élaboration d’une stratégie de
protection de ses droits, les penseurs ont indiqué que les
enfants sont l’avenir et les artisans de la Oummah. Par
conséquent, ils ont souligné la nécessité de les placer à la
première place des priorités nationales des Etats membres et
d’entreprendre des actions concrètes en leur faveur. A ce
propos, ils ont lancé un appel pour qu’une attention
particulière soit accordée à la qualité de leur éducation et
orientation de manière à préserver leurs droits et à les
protéger contre la violence, les abus et l’exploitation. Ils ont
indiqué que, selon les statistiques internationales disponibles,
la poliomyélite demeure une maladie endémique dans quelques
Etats membres de l’OCI dans la mesure où les rapports publiés
récemment font état de la réapparition de cette maladie dans
certains Etats membres. C’est pour cette raison que les penseurs
ont lancé un appel aux Etats membres de l’OCI pour un engagement
ferme à participer aux efforts déployés sur le plan
international pour une éradication complète de la poliomyélite
dans le monde musulman. Ils ont également souligné la nécessité
de protéger les enfants contre d’autres maladies graves qu’il
est possible de prévenir.
48.
Discutant de la question des demandes d’ordre matériel et
spirituel de la jeunesse du monde musulman, les penseurs
ont indiqué que puisque les jeunes représentent la grande
majorité dans les sociétés musulmanes, ils ont une énorme
responsabilité pour rehausser le niveau de la Oummah. Ainsi, une
attention particulière devrait être accordée en priorité au
développement de leurs connaissances et de leurs qualifications
professionnelles et à l’amélioration de leurs comportements au
moyen des institutions d’éducation et des médias. C’est par ces
moyens qu’on les poussera à se mobiliser au service de leurs
nations et de leurs peuples. Ils ont également demandé qu’une
attention particulière soit accordée sans tarder à l’éradication
du chômage dans le monde musulman, en particulier, chez les
jeunes.
49.
S’agissant de la question de la protection des droits
culturels et religieux des sociétés et communautés musulmanes
vivant dans des Etats non membres de l’OCI, les penseurs
ont mis en relief l’impact des problèmes qui se posent aux
sociétés et communautés musulmanes. Ces problèmes comprennent la
protection de leur identité culturelle, leur participation à
l’édification de leurs nations et le respect de leurs lois de
manière à les protéger contre toutes formes de discrimination,
d’oppression et d’exclusion. Les penseurs ont souligné la
nécessité d’accélérer et de coordonner les efforts pour
sauvegarder le patrimoine culturel des musulmans dans les Etats
non membres de l’OCI.
50.
En identifiant les défis engendrés par la mondialisation
et leurs impact sur le patrimoine culturel de la Oummah,
les penseurs ont reconnu que la mondialisation est devenue une
réalité qui requiert une connaissance parfaite de sa nature, de
ses mécanismes, de ses formes et de ses défis ainsi que de la
manière de gérer ses aspects positifs et négatifs. Ils ont, par
conséquent, souligné la nécessité de tirer profit des avantages
générés par les aspects positifs de la mondialisation tout en
oeuvrant pour la sauvegarde du patrimoine culturel et de
l’identité de la Oummah islamique.
51.
Examinant la question de la définition de nouvelles
priorités et objectifs pour la Oummah dans les domaines de la
pensée islamique, de l’éducation et des affaires sociales et
culturelles pour la prochaine décennie, les penseurs ont
souligné la nécessité impérieuse de définir des priorités et des
objectifs pour le moyen et le long termes en vue de réaliser le
progrès et la renaissance du monde musulman. Ils ont exhorté l’OCI
à revoir ses différentes stratégies dans les divers domaines
d’une manière plus réaliste qui fixe des priorités et des
objectifs et tienne compte des circonstances selon le temps et
l’espace et de ce qui est faisable dans de telles conditions
dans les domaines de la pensée islamique, de l’éducation et des
affaires sociales et culturelles pour la prochaine
décennie.
CONCLUSION
C’est une conviction commune des éminentes
personnalités, des oulémas et des penseurs qui ont participé à
la fois à la réunion de la Commission des éminentes
personnalités et au Forum de La Mecque que le monde musulman se
trouve à une phase historique et critique. Le monde musulman a
besoin d’une nouvelle vision, d’un agenda approprié et d’une
action urgente. Il a, en un mot, besoin d’une OIC redéfinie
agissant comme un instrument de changement et de promotion des
intérêts des musulmans sur la scène mondiale.
Les deux rencontres ont analysé et défini les
contours des défis auxquels le monde musulman se trouve
confronté aujourd’hui et qui ont des ramifications politiques,
économiques et culturelles. Ces défis doivent être relevés de la
meilleure façon possible à travers une approche concertée et une
position commune.
La mondialisation est l’un de ces défis majeurs en ce
sens qu’elle représente un important changement ayant des
connotations positives et négatives et nécessite d’être bien
comprise et mise à profit pour le plus grand bénéfice de la
Oummah islamique.
La plupart de ces défis mondiaux démontrent que le
monde connaît des bouleversements accélérés. Les développements
en cours qui remodèlent l’ordre international obligent les
musulmans et leur pays à redéfinir leur vision et leurs actions
et à élaborer un agenda politique, économique et culturel
susceptible de rendre proactifs les sociétés et les Etats
musulmans.
Les participants ont souligné la nécessité impérieuse
de changer les mentalités et agendas dans les sociétés
musulmanes prises individuellement de même que celles qui
prévalent dans leurs Etats et organisations internationales
notamment l’OCI, la plus grande organisation internationale du
monde musulman.
Ils ont insisté sur le fait que les réflexions et les
énergies des musulmans doivent être axées sur la formulation de
réponses plutôt que sur des interrogations répétées.
Le monde musulman a besoin d’un changement pensé et
mené par lui même et non celui imposé de l’extérieur. Cela
nécessite une ouverture d’esprit et une vivacité intellectuelle
ainsi qu’une volonté et une direction politiques beaucoup plus
affirmées que ce qu’on a vu lors des crises passées.
L’absence d’une démarche opportune et consensuelle
pour atteindre cet objectif, pourrait avoir des conséquences
imprévisibles susceptibles d’entraîner d’autres vagues de
destruction, d’aliénation, de désespoir, d’embarras et de
dépendance dans le monde musulman.
Le monde musulman a besoin d’une vision qui puisse
permette de relever ces défis et de bâtir un avenir plus radieux
pour les musulmans à travers le monde. Il s’agit d’une vision
pour un monde musulman uni dans les cœurs, dans les idées et
dans l’effort, une vision pour une communauté des nations et
d’Etats qui incarne la justice, le développement et la force
morale, une vision pour un monde musulman disposant d’une
stature internationale effective à travers une organisation
efficiente, compétente et forte.
C’est à ce stade particulier que les oulémas et
penseurs ont élaboré un programme d’action résolument orienté
vers l’avenir. Ce plan d’action comporte des mesures de large
portée qui doivent être prises pour sortir les musulmans de leur
état de faiblesse actuel pour instaurer un monde musulman
unifié, solide et fort.
C’est pour cette raison, tous les débats ont porté
sur la restructuration de l’OCI pour qu’elle soit la voix et le
moyen d’expression du monde musulman. Cette nouvelle vision a
pour objectif d’exhorter les Etats membres de l’OCI à réformer
radicalement leur organisation internationale et à l’investir
d’une nouvelle mission qui puisse servir les intérêts actuels et
à venir de la Oummah.
Il ressort de ce qui précède que l’OCI doit être
investie d’une nouvelle mission. Ses fonctions, son champ
d’activités, sa structure, son personnel, ses relations internes
et externes et sa performance doivent être revues conformément à
cette nouvelle mission. Une nouvelle OCI, basée sur les
principes de transparence, de responsabilité, d’efficacité et de
souplesse doit prendre des initiatives pour s’attaquer aux
problèmes pressants qui se posent de nos jours.
Une nouvelle OCI aura un champ plus vaste d’activités
comprenant le suivi, la coordination, l’élaboration de
programmes et la sensibilisation sur des questions aussi
cruciales que la prévention et la gestion des conflits, les
problèmes des minorités, les aides d’urgence, la l’harmonisation
des politiques, le développement économique et commercial, la
science et la recherche, l’éducation et la culture, les droits
de l’enfant et de la femme, la prévention de l’extrémisme sous
toutes ses formes et la dissipation des tensions religieuses,
sectaires et ethniques selon les lignes tracées par les penseurs
et dirigeants.
Pour atteindre ces objectifs, la réforme de l’OCI
doit passer par une redéfinition de sa mission, de son statut,
de sa structure et de ses fonctions en harmonie avec les
principes communs et les aspirations des Etats et sociétés
musulmanes.
Seule une organisation internationale possédant ces
qualités et disposant d’un personnel motivé recruté selon le
mérite ainsi que de ressources financières suffisantes peut
réaliser la vision définie et faciliter la mise en œuvre du
programme d’action pour le devenir des pays musulmans.
Seule une nouvelle OCI qui représente et catalyse un
changement fondé sur des principes clairement définis et une
modération éclairée peut accomplir sa mission en tant que base
d’action pour les Etats musulmans et représenter le monde
musulman de la meilleure façon possible au niveau des fora
internationaux.
Pour conclure, toute la Oummah souhaite qu’il soit
mis fin à l’approche passive et isolée adoptée face aux défis
qui se posent aujourd’hui au monde musulman. Elle souhaite
également parler d’une seule et même voix et harmoniser ses
actions. Une nouvelle OCI sera le moyen pouvant édifier pour le
monde musulman un avenir plus radieux et prometteur pour des
centaines de millions de personnes à travers le monde. Sa
réussite sera une véritable performance historique non seulement
pour les musulmans mais aussi pour l’humanité dans son
ensemble.
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